Bivouac, le film… Rencontre avec Pierre Vinour, le Film-maker.

Les films autour de la moto sont rares, surtout en France. On pourra citer le magnifique Mammuth des Grolandais Kervern et Delépine et du côté des documentaires, Les 1000 vaCChes au sujet de la concentration hivernale éponyme, dont on avait déjà parlé sur mon site de voyage. Et justement, l’investigateur de ce projet a présenté il y a quelques semaines un très joli court-métrage, qui prend place au centre de cette concentration emblématique. Un exercice de style mêlant fiction, improvisation et réalité. Pierre Vinour pose donc sa comédienne au coeur de la mêlée de motards. Elle recherche un certain Mathieu qui conduisait une Triumph… Les motards essaient de l’aider et chemin faisant, arrivent à rendre réel un personnage qui n’existe pourtant que dans la tête du réalisateur et de sa comédienne. Bivouac est une poésie motarde, une aventure onirique qui laisse la porte à l’interprétation. Chacun pourra s’y projeter. Le lieu choisi du plateau des Millevaches invite le réel dans le fantastique. Ajoutez à cela un très efficace thème musical et je ne peux que vous invitez à courir les festivals cet été à la recherche d’une projection de Bivouac, ou à vous procurer le DVD.

C’est dans un café parisien, à l’heure de l’apéritif que Pierre Vinour à accepter de répondre à mes questions

C’est quoi la genèse de Bivouac ?

Il y avait la concentration de moto qui est juste au dessus de chez moi à Millevaches, que je connais très bien. J’avais une dizaine d’année quand ça s’est créé. Et j’ai décidé de faire un film 3-4 jours seulement avant l’événement. J’avais produit un documentaire sur la concentration l’année d’avant mais ce n’est pas moi qui l’avait réalisé. Je sais pas faire. J’ai eu l’idée de faire une fiction. L’histoire d’une nana qui cherche un mec dans la concentration où il y a 3000 personnes. J’ai appelé une comédienne Sasha Andrès du groupe de rock Héliogabale. Les copains sont venus m’aider, m’ont passé du matos. On a commencé sur le Bivouac. J’ai dit à Sasha : »tu ne t’occupes pas de nous, tu cherches Mathieu, tu rencontres plein de gens, tu leur demandes où est Mathieu et on verra ce qu’il se passe ».

Et justement, les motards ont réagis comment ? 

J’étais un peu surpris de l’accueil que nous ont réservé les motards. On a eu aucun refus. Les gars oubliaient la caméra, les micros. Il y a une ambiance particulière. Tu es pote avec tout le monde. Tout le monde arrive avec ses histoires, ses rêves, et ses différences. Tu sens bien que tout le monde n’a pas les mêmes idées, n’est pas du même bord politique par exemple et pourtant ça le fait. Il y a une étude à faire sur le comportement de cette microsociété, cette concentration d’individus qui tient la route autour d’un seul point commun, d’une passion, au delà de toute divergence. Qui permet de gommer les défauts, parce que certains en ont quand même. Avec cette expérience, on peut se dire que c’est possible de vivre en société. Ça rassure sur l’humanité.

Bivouac, c’est un peu plus qu’une femme qui recherche un motard ? 

Ce film pour moi c’est l’obsession d’une femme pour quelqu’un qui aurait -peut-être ou pas- existé, qui est parti, qui n’est plus là. Pourquoi, comment ? Peu importe. On est dans la perception complètement basique d’une obsession. Ça confine à ne pas vouloir voir le monde tel qu’il est. « Ca sert à rien de courir après le passé » dit un personnage. C’est quand on n’attend plus rien qu’il se passe quelquechose. Et il faut se confronter à son obsession pour avancer, se libérer et repartir.

Des projets autour de la moto ? 

Bivouac c’est un court-métrage, mais ça devait être un long-métrage. J’avais écrit un long que je n’ai pas réussi à financer et je n’ai pas voulu m’acharner ou le faire sans le budget. Là je suis donc en train de tout réécrire. Ça ne sera pas la suite. On partira de la concentration de moto, qui est un petit peu détournée de son sens et on avancera à moto jusqu’au cercle polaire norvégien. Un thriller roadmovie qui remonte jusqu’en haut de l’Europe.

Ta moto ?

Les motards m’inspirent. Mais je ne suis pas motard. A force de traîner avec les gars j’ai bien envie. Je vise une 125. Il font des beaux trucs maintenant. J’ai craqué sur la Brixton BX… D’ici quelques mois certainement. Moi je kiffe le massif central, c’est ma région, il y a des balades extraordinaires à faire là-bas, à toutes les saisons.

 

pierre

Un grand merci donc à Pierre Vinour pour ce moment de partage. Surtout que son emploi du temps était bien chargé avec la sortie du dernier film produit par sa maison de production Les EnragésSauvages (en VO : Couple in a hole), avec Paul Higgins toujours en salle en France, en Angleterre et en Belgique. L’histoire, déjà récompensée à plusieurs reprises de ce couple anglais mystérieux, qui vient se réfugier dans les Pyrénnées.

Pierre est aussi musicien, dans le groupe Nörd et signe la bande-son de ses films, mais il met aussi en images les musiques des autres. Il vient de terminer le clip des britanniques Tindersticks , Were we once lovers ?

Et on a hâte de voir le roadmovie motard qu’il a en tête.

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